Face à la forte inflation et au manque de personnel, la situation économique et RH des établissements et services pour personnes âgées devient critique. Une nouvelle enquête chiffrée de la FNADEPA menée auprès de ses 1 500 adhérents en révèle l’ampleur. En attendant la feuille de route ministérielle prévue en juin, la Fédération réitère son appel pour un plan d’action d’ampleur en urgence pour l’accompagnement du Grand âge.
On ne compte plus les alertes lancées depuis des mois sur l’impact de l’inflation, l’insuffisance des financements des mesures salariales décidées par l’État (Ségur 1 et 2, prime Grand âge, revalorisation du point, avenants de la branche à domicile), et les tensions RH dans les établissements et services pour personnes âgées. Pour objectiver la situation RH et financière des structures, la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (FNADEPA) a interrogé ses 1 500 adhérents. Les résultats sont édifiants et témoignent de l’aggravation des difficultés, quel que soit le type de structures – Ehpad, résidences autonomie ou services à domicile – ou le statut – public comme privé.
L’enquête de la FNADEPA révèle ainsi que :
- 64,8 % des établissements et services étaient déficitaires fin 2022, pour un montant moyen de 143 325 € par structure, s’élevant jusqu’à 180 812 € pour les services à domicile.
- 54,7 % ont eu recours à leurs réserves financières pour compenser le déficit.
- Le taux d’occupation moyen actuel est de 96 % en Ehpad et 91 % en résidences autonomie.
Pour faire face à l’inflation, les finances sont à bout de souffle. En effet :
- 35,8 % des structures auront épuisé leurs réserves financières en cas de déficit de plus d’un an.
- 53,6 % s’attendent à des difficultés de trésorerie en 2023 pour payer les charges de fonctionnement – 64 % pour les résidences autonomie.
Les leviers possibles de financement sont bloqués :
- 1/4 des Ehpad ont été contraints de limiter la hausse de leur tarif hébergement à moins de 2 % alors que l’inflation est de 5,1 %[1].
- 26,8 % des Ehpad ont une coupe Pathos obsolète (datant de 2018 ou antérieure), ce qui bloque la réévaluation de leur budget soin et ne permet pas de nouveaux recrutements de soignants.
Enfin, les difficultés RH perdurent, ce qui impacte directement la capacité d’accompagnement des personnes âgées :
- 82,6 % des établissements et services manquent de personnel, ce qui représente près de 4 ETP par structure.
- 28 % ont été contraints de fermer des lits ou de refuser des accompagnements à domicile, faute de personnel.
Devant l’aggravation des difficultés, la survie à court terme de certains établissements et services est en jeu. La FNADEPA en appelle donc au Gouvernement et aux parlementaires : il est impératif que la feuille de route Grand âge attendue ce mois-ci, ainsi que le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) à la rentrée soient à la hauteur pour éviter un naufrage. Elle réclame que la loi Bien vieillir – dont la poursuite de l’examen à l’Assemblée semble encore repoussée – constitue un réel tremplin pour une grande loi de programmation pluriannuelle, assortie à des financements à la hauteur des préconisations du rapport Libault. La FNADEPA, pas plus que l’ensemble des professionnels du Grand âge et des personnes âgées, ne saura se satisfaire d’une réforme à l’eau tiède.